samedi 26 février 2011

Saint Pierre en Gallicante, un chemin de repentance

Depuis l’époque byzantine, il s’est trouvé une église sur le site de Saint-Pierre en Gallicante (Saint-Pierre au chant du coq), qui serait l’emplacement du palais de Caïphe, lieu du procès de Jésus et du reniement de Pierre. L’église actuelle a été construite en 1931 par l’Assomptionniste français Etienne Boubet. Dans les années ’90, elle a été magnifiquement restaurée par les soins de Robert Fortin, un Assomptionniste américain, alors recteur du sanctuaire, et de l’architecte palestinien Samir Kandah. En lien avec la commémoration du reniement de Pierre, le repentir est un thème omniprésent dans la décoration de l’église. Un parcours de l’édifice fait entrer, de plus en plus profondément, dans un esprit de contrition, ce qui en fait un lieu sans équivalent. 
Le niveau supérieur de l’église a été conçu par le P. Boubet dans des nuances de vert et de violet, couleur du repentir, et un faible éclairage naturel. L’autel est flanqué d’images de saints pénitents, au nombre desquels Dimas, le « Bon larron », et Sainte Marie l’Egyptienne. Au second niveau, un extraordinaire bronze, aux reflets bleutés, du Serviteur Souffrant, invite les visiteurs à contempler les prophéties d’Isaïe accomplies en Jésus. Des pèlerins convaincus feront bien d’éviter de suivre la foule qui poursuit son chemin et, au contraire, de prendre le temps de méditer les Chants du Serviteur d’Isaïe, sur le lieu où commença leur réalisation.
Du côté opposé à la statue, un escalier conduit à la chapelle de la crypte, où la pierre se fait vivante dans un sanctuaire de marbre blanc. Trois peintures dans le style d’icônes modernes ornent le lieu. Sur celle de gauche, un coq, perché sur un pilier, est penché vers Jésus, dont les mains sont entravées, et qui fixe son regard sur Pierre après son reniement. Le tableau du centre représente Pierre pleurant sa trahison. Et la peinture de droite figure la réconciliation, avec la question de Jésus : « Pierre, m’aimes-tu ? »  Dans cette crypte, le pèlerin ne peut s’empêcher de penser à ses propres manques de fidélité au Christ.

Le parcours conduit ensuite le pèlerin à l’intérieur du rocher situé sous l’église, dans une citerne transformée en cachot. Sur ses parois, des croix ont été tracées, au cours des siècles, par des pèlerins qui sont descendus dans ce lieu où la tradition rapporte que Jésus a été emprisonné pendant la nuit qui a précédé sa mort. Dans ce lieu sombre, on récite habituellement le Psaume 88, dont voici les versets 4 et 6 (en fait, 4 et 7. NdT) :

Car mon âme est rassasiée de malheur
et ma vie est au bord de l’abîme,
On me voit déjà descendre à la fosse …
Tu m’as mis au plus profond de la fosse,
en des lieux engloutis, ténébreux.

Sur place, un psautier présente cette prière en 80 langues différentes. Et, lorsque la récitation de la prière est terminée, il arrive que les guides plongent la cellule dans une obscurité glaçante.

Dans « la fosse », tandis que les pèlerins font l’expérience de l’abandon subi par le Christ, leur chemin de repentance se poursuit. Parmi les lieux saints, Saint-Pierre en Gallicante occupe une place à part, car il permet à beaucoup de pénétrer pas à pas le mystère de la Passion du Christ et de laisser monter, dans leur cœur, un sentiment de repentir.

(*) Article de Drew Christiansen dans America, The Catholic Weekly, 24-31 janvier 2011.

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